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Le 02 Mai 2020, à l’age de 70 ans, Idir nous a quitté. Ce chanteur, musicien, poète, a su transmettre, tout au long de sa carrière, un message d’ouverture et de paix, emprunt de la culture berbère, au Monde entier. Radio Ondaine, 90.9 fm et www.radio-ondaine.fr, lui rend hommage, ce dimanche 10 Mai, de 16h à 18h dans l’émission Tuksalziq avec Salem, et de 18h10 à 20h dans Timilit, avec Momo.
Un grand s’en est allé.
Grand par son talent, car il a su donner un souffle et un visage nouveau à la musique kabyle. En plus de sa voix douce et harmonieuse, il a su mettre la musique kabyle à la portée de l’oreille occidentale sans altérer le fond traditionnel. C’est ce qui a plu et a permis à la musique kabyle de sortir des montagnes et de traverser la méditerranée pour allez à la rencontre de l’Europe et du Monde. Elle s’est très largement diffusée dans les pays d’Afrique du nord également : en août 2005, lors du Congrès Mondial Amazigh qui a eu lieu à Nador au Maroc, nous nous sommes retrouvés, Momo et moi sur une plage avec des jeunes Rifains qui égrainaient une par une toutes les chansons de Idir et de Matoub.
Idir a permis à la musique kabyle d’être écoutée dans plus de 70 pays. La chanson « Vava inuva » est traduite dans plus de 15 langues. Il a ainsi inscrit la musique kabyle, et berbère en général, dans l’universalité.
Il est allé au fin fond du patrimoine culturel oral kabyle pour faire ressurgir des chansons et des airs et leur imprimer un cachet moderne, les sauvant et leur donnant ainsi une nouvelle vie.
Pour Idir, qui était un révolté discret et calme, la musique était un moyen de dénoncer le déni identitaire dont les Kabyles, et les Berbères en général, étaient et sont encore victimes. Il fait partie de nombreux artistes engagés dans la défense de l’identité amazighe que les différents pouvoirs d’Afrique du nord cherchent à éradiquer. Le combat identitaire a été le fil conducteur de son cheminement, comme il l’a déclaré à plusieurs reprises.
Il a influencé beaucoup de groupes de musique amazighe à travers le monde. On peut dire qu’il a révolutionné la musique kabyle et berbère en général.
Ici à Saint-Etienne, l’écoute des premières chansons d’Idir, dans les années 76-77, a suscité de l’enthousiasme et de l’engouement chez certains stéphanois pour la musique kabyle. C’est ainsi que des groupes se sont formés : Iznaguen au début et d’autres par la suite (le groupe Azar qui continue jusqu’à présent).
Idir est grand par son humilité, sa simplicité, sa générosité et son humanisme. J’ai eu l’occasion de le voir à deux reprises. La première fois c’était en 1977. Avec trois autres amis, nous sommes montés à Paris, nous avions pris un verre avec lui en toute simplicité, dans son café, Boulevard Rochechouard, et nous avions passé le réveillon chez son batteur Arezki tout aussi simple et sympathique.
En 2002, quand il était venu à saint-Etienne, invité par notre association, nous lui avions proposé un restaurant après le spectacle, comme nous le faisions à chaque fois que nous recevions un artiste, il avait refusé. Il avait dit « xir ad ççegh seksu d tfelfelt d zzit uzemmur », « je préfère manger un couscous avec un piment et de l’huile d’olive ». Il a préféré partager avec nous un couscous préparé par une adhérente.
En 2013, Idir nous a accordé une interview lors de son passage au Fil concert organisé par Radio Ondaine avec la participation de l’Espace Culturel Loire Amazigh.
Idir, de son vrai nom Hamid CHERIET, né le 25 octobre 1949 à Aït Yanni, est décédé le samedi 2 mai 2020 à 21 h 30 à l’hôpital Bichat à Paris, à la suite d’une longue maladie (fibrose pulmonaire)
Hamid CHERIET est mort mais IDIR est rentré dans la légende pour l’Eternité. En Kabyle ad yidir veut dire « il vivra » et Idir veut dire « vis » à l’impératif.
Le sociologue Pierre Bourdieu disait de lui « Idir n’est pas un chanteur comme les autres : Il est un membre de chaque famille »
Repose en paix l’artiste !
Saint-Etienne le 06/05/2020
Athman SAYAD